Remontons le temps
Pour surveiller de loin des visiteurs agressifs, le village s’est construit sur une colline et s’est entouré de remparts. Au temps des mérovingiens (le roi Dagobert…..), pour assurer la conservation de l’eau et du grain, les habitants ont creusé des silos sous les maisons (sorte de chambres creusées dans le roc), et des puits. Au XII° siècle, l’église actuelle s’est élevée avec un clocher mur éventail très caractéristique du Lauragais. Il est doté de cinq cloches dont on vous racontera l’histoire un peu plus tard.
Vous connaissez sans doute l’expression « vivre dans un pays de cocagne »… Et bien St Julia est en pays de cocagne. Qu’est-ce qu’une cocagne ? C’est une pelote ronde fabriquée à partir de feuilles écrasées du pastel, fleur bisannuelle qui pousse abondamment sur les terres fertiles du Lauragais. Cette coque permettait d’obtenir une teinture bleue qui faisait merveille sur les toiles et tissus de laine. Ces tissus étaient exportés dans toute l’Europe et en particulier au nord de l’Europe. Leurs habitants enviaient ce pays de cocagne, car « le pastel ne vient bien qu’en Lauragais » disait au XVI°siècle, le père de l’agronomie moderne Olivier de Serres. Parce que la culture du pastel demandait beaucoup de travail, elle attira une population importante et élargit les compétences des habitants. Entre le XV° et le XVI° siècle, le Lauragais connaitra richesse et abondance dont les traces sont toujours visibles dans le patrimoine immobilier local.
Mais ce « siècle d’or » aura une fin, lorsque Vasco de Gama, premier explorateur portugais arrivé en Inde, rapportera l’indigo, cultivé depuis des millénaires dans ce pays. Vingt fois plus efficace que le pastel pour obtenir un bleu profond ! Mais, vous le saviez déjà puisque tous nos jeans sont… bleu indigo ! La mondialisation était déjà en marche…. Les habitants du Lauragais s’en souviennent, car tous leurs efforts ne leur ont pas permis d’interdire l’importation de l’indigo !
St Julia garde des traces de ce temps de richesse avec son moulin pastellier, et son séchoir à pastel (il faut broyer les feuilles et sécher les coques de cocagne)
C’est à cette époque que, pour faire face à de nécessaires réparations et reconstruire le chœur de l’église, victime d’incendies, Marguerite de Valois (1563-1615), épouse d’Henri IV, femme de cœur…. et de lettres reconnue, fera un don considérable de 15000 livres tournois. Portant le titre de comtesse de Lauragais, qui lui venait de sa mère Catherine de Médicis, elle fut « dame et seigneuresse » de Saint-Julia de 1580 à 1606.
Reconnaissants, les habitants feront figurer le blason des Valois, (trois fleurs de lys surmontées de la salamandre couronnée), dans la chapelle de La Vierge, sur la chaire de l’église, mais aussi sur la maison de Madame et Monsieur Pagan. Ce dernier qui fut maire de 1843 à 1848, ne se doutait sans doute pas que sa demeure deviendrait en 1882 …. la Mairie et l’école des garçons, et désormais la Mairie et la poste de St Julia que nous connaissons.
Il n’y a jamais eu de Seigneur résidant à St Julia. Jusqu’en 1606, les Seigneurs ont été les Comtes de Toulouse, de Foix, les Rois de France, puis Catherine de Médicis, Marguerite de Valois, les consuls après d’autres propriétaires. Aussi n’y voit-on aucun vestige de château du Moyen Age. Le château actuel, connu désormais sous le nom de Château H, fut construit en 1905 par un propriétaire foncier important du village la famille Belaval !
Mais la vie continue ! Le village s’équipa de pigeonniers, de trois moulins à vent, d’un lavoir, et devient un centre commercial avec ses trois foires annuelles. Le 22 avril c’était la foire aux radis, le 3 Août, à la foire aux moutons à la fin du XIX°s, on comptera jusqu’à 2000 têtes de bétail.
Le dimanche avant Noël, tout le monde se presse à la foire aux chapons, hier comme aujourd’hui ! Regardez l’animal ….. que lui manque t-il ?
Réponse : sa crête…. Mais pas que…..
Un village aussi actif ne pouvait manquer d’attirer à la fin du 19°siecle, quelques familles bourgeoises et des intellectuels cherchant un lieu pour écrire. Ce fut le cas d’Edouard Estonié, natif de Dijon…. La carrière de ce polytechnicien est marquée par sa responsabilité de Directeur de l’Exploitation Téléphonique du réseau téléphonique français. Il fut chargé de la reconstruction du central téléphonique de Paris Gutenberg, après son incendie en 1908. Mais les saint julianais s’enorgueillissent de la présence de la maison, en plein centre du village, de celui qui pendant ses heures de liberté était devenu romancier, peintre de la détresse humaine, et entra, le 15 novembre 1923 à l’Académie Française au fauteuil 24.
Si certains venaient à St Julia pour écrire, d’autres appréciaient, après de belles parties de chasse, de retrouver de galantes compagnies au Pavillon des Roses construit en 1846 par M. Pagan. Le jardin et ses grands arbres se souviennent encore des mots doux qui y furent prononcés ….
Aujourd’hui St Julia compte 450 habitants, quelques entreprises et de nombreuses associations dont les Amis du Patrimoine qui vous proposent ce site web !
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